La consolidation dans le secteur des cliniques vétérinaires

3 min
Ecrit par
Gilles RAVEL
22/11/2023

Etat de la consolidation des cliniques vétérinaires en France :

Le secteur de la santé animale vit depuis plusieurs années une ère de consolidation mondiale avec des regroupements des cliniques vétérinaires et l'arrivée des investisseurs financiers. Si la consolidation a été massive sur les marchés anglo-saxons (60% de l'offre de soins vétérinaire au UK), le mouvement en France est plus mesuré. Certains professionnels sont plus attachés à leur indépendance et le conseil de l’ordre des vétérinaires est attentif à la défense des intérêts de la profession.

Pourquoi y a-t-il une consolidation mondiale des cliniques vétérinaires ?

Plusieurs facteurs rendent le secteur des cliniques vétérinaires éligible à une concentration, aidée en cela par les fonds d’investissement, notamment :

  1. Une résilience évidente face aux changements économiques, encore démontrée pendant le COVID ;
  2. L’existence d’une clientèle déjà existante et très fiable ;
  3. Une bonne réputation du secteur et des cliniques de proximité.

Les groupes qui mènent la consolidation s’appuient sur ces éléments pour générer la confiance des investisseurs, lever des financements de long terme et augmenter les prix et les marges bénéficiaires des cliniques acquises. La hausse de CA des cabinets nouvellement acquis générera plus des bénéfices. Ces bénéfices permettront ensuite de nouvelles acquisitions, permettant ainsi au processus de se répéter et de créer, finalement, une valeur de revente bien plus élevée.

Qu’est ce qui incite les vétérinaires à vendre ?

Cette question est plus complexe. Les principales raisons sont, bien entendu, financières. Sans les classer par ordre d’importance, on pourra citer :

  • La différence de valorisation proposée par les Groupes ; cela tient notamment à la source de financement unique, (un prêt bancaire sur une durée maximale de 7 ans), à laquelle peut accéder le vétérinaire indépendant pour acquérir une clinique.
  • La prise en charge des tâches administratives, marketing, RH, conformité à la réglementation, etc. par le Groupe,
  • Pour les jeunes vétérinaires, nombreux sont ceux qui doivent dresser des priorités dans leur endettement personnel : financement de la résidence principale, dépense d’installation (véhicule), et remboursement des prêts étudiants,...

Même si l’intégration dans un Groupe peut entraîner une certaine réduction du degré d'indépendance opérationnelle, beaucoup apprécient la sécurité et la commodité offerte.

Y a-t-il de la place pour des modèles d'exercice différent ?

Les groupes occupent aujourd'hui un espace médiatique (ou pourrait également dire juridique, voir judiciaire) important, alors que leur poids économique reste mesuré. A fin novembre 2023, selon les informations disponibles sur leurs sites internet respectif, les 6 premiers acteurs sur le marché français détiendraient environ 881 cliniques sur 6625 DPE de soins vétérinaires (source Atlas CNOV), soit 13,2% des établissements de soins. Cette proportion assez relative amène certains acteurs à développer des modèles d'exercice différents.

Modèle N° 1 : émergence d'acteurs régionaux 100% indépendants :

Ces acteurs se sont formés par des regroupements réalisés entre professionnels et par des rachats locaux selon les opportunités. Ils ont recours aux financements bancaires classiques, sans présence d’investisseurs financiers à leur capital. On observe qu'à compter d’une petite dizaine de belles cliniques de proximité, leur taille est suffisante pour internaliser - à plein temps – les principales fonctions supports : RH, comptabilité-finance, marketing-communication, achats.  

Pour les vétérinaires en exercice, ils offrent ainsi le même niveau de service que les groupes nationaux, la proximité en plus. Cette proximité entre cliniques permet :

  • Une mutualisation relative du personnel pendant les périodes de congés ;
  • De conserver le caractère généraliste de chaque site, tout en s’appuyant sur la spécialisation de l’un des vétérinaires pour organiser les RDV (par site ou par jour);

Modèle N° 2 (à développer) : un regroupement entre professionnels à l'échelle locale :

Force est de constater que de nombreuses cliniques de taille modeste (< 4-5 personnes) rencontreront très probablement de réelles difficultés de transmission à terme. En effet, leur petite taille est un facteur de risque important ; en cas d’arrêt maladie du vétérinaire (ou de départ en retraite, etc.), la clinique peut perdre jusqu’à 100% de son CA (cas d’une clinique avec vétérinaire unique).

Pour cette raison, la majorité des groupes sont peu / pas intéressés par ces cliniques qui, par ailleurs, ont également du mal à susciter de l’intérêt chez les jeunes vétérinaires (amplitudes horaires, congés, etc.).

Or il n’est pas rare de voir des villes de 10 – 15.000 habitants avec la présence de 3, parfois 4 petites cliniques vétérinaires indépendantes. Pourtant, une union locale raisonnée serait souvent largement profitable à tous. Elle permettrait à chacun de détenir une quote-part dans une clinique multisites qui a une valeur de marché réelle, plutôt que 100% d’une entité dont la valeur est inexistante.

Des solutions juridiques et financières existent. Elles ont été largement utilisées dans des secteurs comme la Biologie ou la radiologie. Il est étonnant de constater qu’à ce jour les vétérinaires y ont très peu recours.

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